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LA FEMME
JUGE ET PARTIE.
DIVERTISSEMENT MUET.
PROLOOUE.
SCENE PREMIERE.
Le Theatre represente la Loge du grand
Preau de la Foire S. Laurent.
PIERROT.
Pierrot en habit d'Afficheur fait une
Scene de Lazzis avec une échelle qu'il
porte sur son dos, & va coller sur la porte de
la Loge une affiche qui a pour titre :
La Femme Juge & Partie.
SCENE II.
ARLEQUIN, SCARAMOUCHE,
CHOEUR.
Arlequin & Scaramouche trouvent Pierrot
sur l'Echelle et le grondent de ce qu'il est
si long-temps à afficher. Pierrot fait encore
la Scene de l'Echelle; & enfin craignant d'être
battu, saute de l'échelle en bas pour s'en
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fuir , mais il ne laisse pas d'attraper encore
quelques volées de coups de bâton.
SCENE III.
ARlequin & Scaramouche aprés quelques
Lazzis qui marquent la joie qu'ils
ont de voir une nombreuse assemblée presentent
un écriteau, sur l'air : Preparons nous.
Préparons nous pour la feste nouvelle ;
Faisons éclater nôtre zele :
Et par de bons couplets au défaut de la voix
De tout Paris justifions le choix.
SYMPHONIE.
CHOEUR.
Par nos couplets au défaut de la voix
De tout Paris justifions le choix
SYMPHONIE.
CHOEUR.
Par nos couplets au défaut de la voix
De tout Paris justifions le choix.
SYMPHONIE.
Préparons-nous pour la Piece nouvelle ;
Faisons éclatter nôtre zele.
Et par de bons couplets au défaut de la voix.
De tout Paris justifions le choix.
Arlequin & Scaramouche voyant venir
de loin un Romain & une Romaine font
retirer tout leur monde, & se cache eux-mêmes
pour observer ce qu'ils viennent
faire.
3
SCENE IV.
LE Romain & la Romaine croyans n'être
vûs de personne s'approchent de la Loge
pour lire l'affiche ; & reconnaissans au titre
que c'est une de leurs Pieces. Le Romain tire
son épée pour la déchirer ; mais à peine en
a-t-il arraché la moitié, qu'Arlequin & Scaramouche
surviennent, & Arlequin donne
si à propos de son coutelas sur les doigts du
Romain, qu'il est obligé de laisser tomber
son épée, que Scaramouche ramasse aussitôt :
le Romain reçoit des coups de bâton,
& la Romaine des coups de pied au cu.
SCENE V.
TALIE, Muse de la Comedie, ARLEQUIN,
LE ROMAIN, LA ROMAINE.
TAlie descend des Cieux au bruit des
trompettes, & voulant mettre le hola,
presente un écriteau, sur l'air :Quand le peril
est agreable.
Quoy ! toûjours dans la jalousie,
Dans les procés, dans les combats :
Romains, portez ailleurs vos pas,
Ou respectez Talie.
La Muse ayant mis pied à terre, La Romaine
apostrofant Scaramouche, presente un écriteau,
sur l'air : Tout cela m'est indifferent.
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Tu viens d'offenser ma vertu
Par de grands coups de pied au cu ;
C'est un affront qui me désole,
Et dont je veux avoir raison :
Je sortiray du capitole,
Ou tu pourriras en prison.
Aprés quelques Lazzis de part & dautre,
la Muse prononce en faveur d'Arlequin &
de Scaramouche, & presente un écriteau,
sur l'air : Tout cela m'est indifferent.
Tous les Italiens jouëront
Toutes les Pieces qu'ils voudront,
Paris ne s'en soucira guere,
Et moy pourvû qu'on soit content,
Qu'ils jouent Corneille ou Molière,
Tout cela m'est indifferent.
Les Romains representent le tort que cela
pourra faire à leur Theatre, & la Muse presente
un autre écriteau, sur l'air : De joconde.
Aprés les avoir pour jamais
Privez de la parole,
Ne sçauriez-vous rester en paix
Dans vôtre capitole ;
Si vous craignez que sans parler
Arlequin vous surmonte
Vous ne ferez que redoubler
Sa gloire & vôtre honte.
Les Romains répondent par un écriteau,
sur l'air : Tout cela m'est indifferent.
Jamais les meilleurs Arlequins
N'ont épouvanté les Romains ;
Mais bien-tôt, s'il faut que Talie
Leur permette de tout jouer
A l'Hôtel de la Comedie
Nous mettrons maison à louer.
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Ils se retirent en marquant leur desespoir.
SCENE VI.
La Muse demande à voir les sauts perilleux ;
Scaramouche pour aller assembler
les Sauteurs, & se mettre à leur tête tandis
que les plaisirs et les jeux font une entrée de
Ballet.
SCENE VII.
SCaramouche revient & on fait les sauts
perillieux, aprés quoy on presente une
seconde fois le couplet : Préparons-nous. &
& le Prologue finit.
FIN DU PROLOGUE.
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ACTEURS DU PROLOGUE.
TALIE, Muse de la Comedie
UN ROMAIN.
UNE ROMAINE.
ARLEQUIN.
SCARAMOUCHE.
PIERROT.
CHOEUR.
SAUTEURS.
SUITE DE LA MUSE.
ACTEURS DU DIVERTISSEMENT.
BACCHUS.
L'AMOUR.
ARLEQUIN.
SCARAMOUCHE.
LE DOCTEUR.
ISABELLE.
COLOMBINE.
PIERROT.
ARCHERS & RECORS.
PESCHEURS.
SUITE DE BACCHUS.
SUITE DE L'AMOUR.
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LA FEMME
JUGE ET PARTIE.
DIVERTISSEMENT MUET.
ACTE PREMIER.
Le Theatre represente le rivage de la
Mer.
SCENE PREMIERE.
ISabelle paroît couchée & endormie sur le
rivage de la mer. Arlequin surpris & charmé
de sa beauté fait des Lazzis à ses genoux.
SCENE II.
SCaramouche & Colombine surprennent
Arlequin embrassant les genoux d'Isabelle,
& marquent leur colere. Arlequin qui ne s'en
apperçoit pas, continuë ses Lazzis, & caresse
Isabelle ; qui s'éveillant en sur-saut, le repousse
& luy fait faire la culbute. Arlequin voyant
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Colombine, tâche de l'appaiser par de feintes
caresses ; & Isabelle reconnoissant Scaramouche
s'approche de luy pour se justifier :
mais Colombine repousse Arlequin à coups
de point ; & Scaramouche tourne le dos à
Isabelle, ensuite Colombine presente un écriteau,
sur l'air : La nuit & le jour.
Laissez-moi mon époux,
Ou craignez ma colere :
Il n'est pas fait pour vous,
C'est à moi qu'il faut faire
L'amour
La nuit & le jour.
Isabelle fait entendre à Colombine qu'elle
n'a que faire de son mari, & caressant Scaramouche
à leur presence luy fait tant d'amitiez :
que Scaramouche revient enfin de sa
jalousie, & fait sa paix avec elle : ils se retirent
en se mocquant d'Arlequin.
SCENE III.
COlombine voulant aussi se raccommoder
avec Arlequin lui fait des caresses,
mais voyant qu'il n'en tient point de compte,
elle reprend sa colere. Arlequin fait semblant
de fuir, & prend si bien son temps qu'il se saisit
de Colombine, la met sur ses épaules, &
la va jetter dans la mer ; aprés quoi il revient
presentant un écriteau, sur l'air :Dites vôtre.
Si par une commune loi
Tous les maris suivoient ma trace ;
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S'ils se déchargeoient comme moy
Du fardeau qui les embarasse,
On trouveroit plus dans les eaux
De femmes que de maquereaux.
Arlequin entendant venir du monde, se
retire avec précipitation.
SCENE IV.
LE Docteur, Isabelle, & Scaramouche
viennent prendre le plaisir de la pêche,
ils sont precedez par une marche de pêcheurs,
qui aprés leurs Lazzis, tirent des
filets qu'ils avoient déja jettez dans la
mer, & sont agreablement surpris de voir
qu'ils ont pêché un des plus gros poissons de
la mer ; mais comme il ne fait que bondir,
ils prennent tous leurs fourches, &
achevent de le tuer : ils le fendent ensuite en
deux pour en faire le partage, & l'ayant
ouvert, il luy trouve une femme dans le
ventre.
SCENE V.
CEtte femme est d'abord reconnuë pour
Colombine, Isabelle voyant qu'elle donne
encore quelques signes de vie, la fait promptement
secourir ; Colombine ouvre les yeux,
& reconnoissant ses liberateurs, les remercie,
& leur fait entendre que c'est Arlequin
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qui la jettée dans la mer à dessein de la noyer ;
mais comme elle retombe en foiblesse, le
Docteur & Scaramouche l'emporte dans la
maison prochaine.
SCENE IV. [i.e. VI]
ISabelle donne quelques pieces d'argent aux
Pêcheurs, aprés l'avoir remerciée &
conduite jusqu'à la porte de sa maison, reviennent
partager leur argent, & finissent
ce premier Acte par une danse de matelots.
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ACTE II.
SCENE PREMIERE.
Le Théatre change, & represente une belle
avenuë aboutissant à la maison du Docteur.
ISabelle & Scaramouche habillent Colombine
en Cavalier ; & à peine a t-elle achevé
de mettre la culotte, qu'on entend la voix
d'Arlequin. Scaramouche fait retirer Isabelle
& Colombine ; & presente un Ecriteau, sur
l'Air : Reveillez-vous belle endormie.
Arlequin vient voir Isabelle ;
Je l'entens au son de sa voix :
Pour prix de son amour fidelle,
Je vais charger son dos de bois.
Il se retire pour s'aller preparer à la peur
qu'il veut faire à Arlequin.
SCENE II.
ARlequin aprés quelques Lazzis, presente
un Ecriteau, sur l'Air : Diogene
avoit bien raison.
Ma femme est morte Dieu merci ;
Ma joye en est extrême.
Que de maris voudroient ici
Etre voeufs tout de même !
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SCENE III.
SCaramouche vient faire peur à Arlequin,
representant l'Ombre de Colombine. Cette
Scene est tres-divertissante, & finira par
un Ecriteau presenté par Scaramouche, sur
l'Air de Joconde.
En vain tu veux sauver ton dos
De ma juste vengeance :
Je pretends te briser les os
Pour prix de ton offense.
Tu crûs fuir mes jaloux transports,
En me jettant dans l'onde :
Mais l'ombre pour vanger le corps,
Revient de l'autre monde.
SCENE IV.
L'Ombre ayant tout à fait disparu, Isabelle
paroît, & trouvant Arlequin étendu
par terre, s'approche de lui, & par de feintes
caresses lui demande le sujet de sa peine.
Arlequin reconnoissant Isabelle est charmé
de se voir entre ses bras ; & aprés quelques
Lazzis presente un Ecriteau, sur l'Air : Tout
ce que je crains du tonnerre.
Ma femme enrage d'être morte,
Et son coeur est encor jaloux,
Je l'ai trouvée à vôtre porte,
Pour m'empêcher d'entrer chez vous.
Isabelle fait entendre à Arlequin qu'il se-
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ra toûjours bien venu chez elle, & qu'il ne
tiendra qu'à lui de l'épouser. Arlequin ravi
de joye, veut caresser Isabelle : mais dans le
temps qu'il lui presente la jouë pour la baiser,
il reçoit un soufflet.
SCENE V.
LE soufflet est donné par Colombine en
habit de Cavalier, qui étoit survenuë à
propos. Arlequin qui veut paroître brave
aux yeux d'Isabelle, met l'épée à la main, &
Colombine en fait autant. Isabelle les voyant
aux prises s'enfuît pour aller avertir Scaramouche.
SCENE VI.
SCaramouche arrive dans le temps que Colombine
désarme Arlequin, & fait semblant
de vouloir le tuer : il retient le bras
de Colombine ; & aprés lui avoir fait entendre
que c'est à lui à punir l'insolence d'Arlequin.
Il ramasse l'épée d'Arlequin, la lui
remet entre les mains, & l'oblige de se battre
une seconde fois avec lui : mais Arlequin
n'étant pas plus heureux avec Scaramouche
qu'avec Colombine, se jette à genoux, &
demande cartier, par un Ecriteau, sur l'Air :
Lampons.
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Je n'entens pas ce métier,
Et je demande cartier ;
Je ne veux plus de querelle,
Et je vous cede Isabelle.
Cartier, cartier, je demande cartier.
SCENE VII.
LE Docteur attiré par les cris d'Arlequin,
& informé du sujet de la querelle, pour
le punir d'avoir voulu caresser sa fille, se jette
sur lui, & le combat se fait à coups de poings ;
Aprés s'être roulez quelque temps, Scaramouche
& Colombine les separent, & emmene
de force le Docteur dans sa maison.
SCENE VIII.
L'Amour dans son char, suivi de trois petits
Amours, & Baccus dans le sien, accompagné
de quatre grands Satyres, descendent
des Cieux, & viennent consoler Arlequin
de son malheur ; & aprés quelques Lazzis
qui marquent le desir qu'ils ont de se
l'acquerir à l'envi l'un de l'autre, ils le font
placer au milieu d'eux, pour étaler à ses yeux
tout ce qu'ils ont de charmes. Les petits Amours
& les Satyres dansent à qui mieux
mieux ; & Arlequin paroissant estre plus content
des petits Amours, que des Satyres,
veut les aller caresser ; mais voyant en mê-
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me temps briller une bouteille de vin entre
les mains d'un des Satyres, il court à lui :
l'Amour veut arrêter Arlequin, mais Baccus
arrête lui-même l'Amour, qui, s'irritant
contre Baccus, tire des fleches de son
carquois, pour le percer : mais Baccus avec
sa massuë combat avec beaucoup plus d'avantage.
Les Satyres & les Amours à l'exemple
de leurs maîtres se battent entr'eux,
& Arlequin avec son coutelas frappe à droit
& à gauche, quand tout à coup il se trouve
coëffé d'une grande bouteille d'osier, ce qui
fait une agreable spectacle, & fournit les plus
plaisans Lazzys du monde. L'Amour & sa
suite son obligez de ceder à Baccus ; & aprés
beaucoup de jeux de part & d'autre avec Arlequin
dans la bouteille, les Satyres l'enlevent ;
& Baccus se mettant dessous, se retire
en triomphe aprés avoir presenté un
Ecriteau, sur l'Air : Tout cela m'est indifferent.
Ces changemens sont peu nouveaux ;
J'en fais tous les jours d'aussi beaux.
Tous ceux qui viennent sous la treille,
Pour s'ennyvrer comme Arlequin,
Sans être changez en bouteille,
Ne sont-ils pas des sacs à vin?
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ACTE III.
SCENE PREMIERE.
Le Théatre represente les Porcherons.
ARlequin demande du vin, & Pierrot
qui est le Cabaretier, lui en apporte
une bouteille; aprés avoir fait quelques Lazzis,
& bû quelques coups, il presente un
Ecriteau, sur l'Air de Joconde.
Me voila dans le même jour
Sans maîtresse & sans femme ;
Baccus, ennemi de l'Amour,
L'a chassé de mon ame :
Mais je ne perds rien à ce jeu ;
Car en beuvant sans cesse,
M[a] bouteille me tiendra lieu
De femme & de maîtresse.
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SCENE II. & III.
Les trois Scenes sont des Scenes de Guinguene,
telles que voudront les faire Arlequin
& Scaramouche.
SCENE IV.
SCaramouche en habit de Prevôt suivi de
quelques Archers, vient prendre Arlequin
prisonnier. Il y a des Lazzis de part
& d'autre.
SCENE V.
COlombine en habit de Juge, vient interroger
Arlequin sur la mort de sa femme ;
& voulant lui faire donner la question,
l'oblige à avoüer qu'il a noyé sa femme, par
un Ecriteau qu'il presente, sur l'Air : Quand
le peril est agreable.
Il est vrai j'ai noyé ma femme,
Mais c'est par excez de bonté ;
Colombine avoit merité
Une Mort plus infâme.
Le Juge en voulant sçavoir le sujet, Arlequin
presente un Ecriteau, sur l'Air : Quand
le peril.
Elle estoit toujours en pertie
Elle aimor beaucoup le regal,
La nuit elle couroit le bal,
Le jour la comedie.
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Le Juge secouant la teste, fait entendre à
Arlequin que ce n'est pas là un sujet pour
faire mourir sa femme, & Arlequin presente
un Ecriteau, sur l'Air d'un moulin banal,
si vous voulez que.
Elle m'avoit mis aux aumônes,
Et faisoit grand feu de mon bois
Et d'un lit fait pour deux personnes,
Elle en faisoit un lit pour trois.
Le Juge presente un Ecriteau, sur l'Air
dites votre :
Les loix ne permettent jamais,
Qu'un mari se fasse justice,
Cepandant malgré tes forfaits,
Je veux bien te rendre service ;
Prouve moy qu'on t'a fait cocu,
Et tu ne sera pas pendu.
Arlequin presente un Ecriteau, sur l'Air,
Quand le peril est agreable.
La preuve n'en est que trop claire,
Elle estoit folle de Pierrot,
Mais il n'en a jamais dit mot,
De peur de lui déplaire.
Le Juge presente un Ecriteau, sur l'Air,
Reveillez-vous.
Le François cheri de sa belle,
Ne sçauroit garder le secret ;
Cette nuit il est avec elle,
Et demain tout Paris le sçait.
Le Juge en se retirant fait entendre à Arlequin,
qu'il ne peut meriter sa grace, qu'en
prouvant que Colombine l'a fait Cocu.
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SCENE VI.
SCaramouche aprés quelques lazzis avec
Arlequin, presente un Ecriteau, sur l'Air,
Tout ce que je crains.
Si c'étoit la coûtume en France,
Qu'un Cocu ne fut pas pendu ;
Pour se tirer de la Potence,
Chacun voudroit estre Cocu.
Arlequin répond par un Ecriteau, sur
l'Air de Joconde.
C'est un affront d'estre Cocu,
Je l'avourai sans feindre ;
Mais c'en est un d'estre pendu,
Qui n'est pas moins à craindre,
L'un & l'autre sont bien honteux,
Mais puis qu'il faut me rendre,
Je dit que le plus grand des deux,
Est de me laisser pendre.
Le Docteur veut representer à Arlequin,
qu'il vaut mieux se laisser pendre, que de
s'avoüer Cocu, mais Arlequin presente un
Ecriteau, sur l'Air ; Dites votre :
Les Philosophes ont grand tort,
D'aimer l'honneur plus que la vie ;
Pour moy qui crains beaucoup la mort,
Je tiens que c'est une folie,
Et que la vie est un bonheur,
Mille fois plus cher que l'honneur.
Arlequin voyant venir Pierrot, prie le
Docteur & Scaramouche de se tirer pour un
moment à l'écart pour les laisser parler en
particulier.
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SCENE VII.
ARlequin fait beaucoup de caresses à
Pierrot pour l'engager à luy rendre
service, & presente un Ecriteau; sur l'Air;
dites votre.
Ma femme a terminé son sort,
Mais son trepas est mon ouvrage,
Et pour justifier sa mort,
J'ay besoin de ton témoignage,
Si tu ne veux me voir pendu,
Dis qu'elle m'avoit fait Cocu.
Pierrot presente un Ecriteau, sur l'Air;
Reveillez-vous.
Plus d'une fois je le confesse,
j'ay voulu te faire Cocu ;
Mais bien plus chaste que Lucresse,
Ta femme ne l'a pas voulu.
Arlequin tâche de suborner Pierrot, &
luy presente de l'argent : mais Pierrot est
incorruptible, & Arlequin voulant l'étrangler,
il crie au secours & s'enfuit.
SCENE VIII.
APrés quelques Lazzis qui marquent
le désespoir, Arlequin presente un
Ecriteau sur l'Air ; Ah, qu'il est beau Loiseau.
Pour n'avoir pas esté Cocu,
Arlequin tu sera pendu :
J'enrage, j'enrage :
Ah! pourquoi prenois-tu
Femme si sage.
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SCENE IX.
ARlequin voyant venir le Juge & les
Archers se jette à genoux, & presente
un Ecriteau, sur l'air; Tout cela m'est
indifferent.
S'il faut pour n'estre pas pendu,
Prouver que l'on m'a fait Cocu,
Helas ! ma mort est trop certaine,
Mais bien des maris que je voy,
S'il s'en vouloient donner la peine.
Le prouveroient bien mieux que moy.
Le Juge fait entendre à Arlequin qu'il
ne peut pas le sauver, mais qu'il veut bien
luy laisser le choix de sa mort, & Arlequin
presente un Ecriteau sur l'Air; Tout
cela m'est indifferent.
Vous croyez faire un grand effort,
me lissant le choix de ma mort,
Mais puisqu'il faut qu'on me punisse,
Sans égard à tous mes remords ;
Qu'importe que l'on accourcisse,
Ou que l'on allonge mon corps.
SCENE X.
ISabelle paroist tenant le petit Arlequin
par la main, qu'elle presente au Juge, &
le petit Arlequin, demande la grace de son
pere par un Ecriteau, sur l'Air de Joconde.
Le sang en faveur d'Arlequin,
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Me fait tout entreprendre;
Je vais devenir orphelin,
Si vous le faites pendre.
Ah! si je ne puis par mes cris
Calmer votre colere ;
Ordonnez qu'on pende le Fils,
A la place du pere.
Arlequin embrasse son Fils, & se jette
aux genoux d'Isabelle, qui sollicite le Juge
pour luy ; le Juge se laissant gagner, presente
un Ecriteau, sur l'Air; Tout cela m'est
indifferent.
Arlequin n'est qu'un imposteur,
Qu'un assassin, qu'un suborneur ;
Mais enfin je me détermine,
Et pour vous plaire je conclu,
S'il veut reprendre Colombine,
Qu'il ne soit Cocu ni pendu.
Arlequin croît que le juge se mocque de
luy, & fait des lazzis qui marquent le
repentir qu'il a d'avoir fait mourir sa femme,
mais enfin Colombine quittant son habit de Juge,
se fait connoistre à son mari Arlequin, qui
aprés quelques lazzis, se jette à son cou l'embrasse
& la baise : en même temps le Docteur
& Scaramouche se font aussi connoistre, &
& prient Arlequin d'assister au mariage d'Isabelle.
On voit paroistre aussi-tôt des Bergers
& des Bergeres qui viennent se réjoüir à la
nôce & dont les uns portent les étendards
de l'Amour & les autres ceux de Baccus,
il se fait une danse generale à l'honneur de
23
ces deux Dieux, & on presente sur l'Air du
branle.
Cette danse finie, Scaramouche danse
avec Isabelle, & Arlequin avec Colombine,
& ce dernier Acte finit par un Ecriteau que
presente Arlequin sur l'Air.
Cruels maris qui tous les jours,
Envoyez votre femme au Diable,
Si vous n'avez que ce recours,
Vous serez toujours miserable,
Qui revient du fond de la mer,
Peut bien revenir de l'enfer.
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APPROBATION.
J'Ay lû par ordre de Monsieur le Lieutenant General
de Police un Manuscrit qui a pour titre :
La Femme Juge & Partie dont on peut permettre
l'impression. A Paris ce 7. Aoust. 1711.
PASSART.
PERMISSION.
VEu l'Approbation du Sieur Passart. Permis
d'imprimer. Fait ce 8. Aoust 1711.
M.R. DE VOYER D'ARGENSON.
Registré sur le Livre de la Communauté des Libraires
& Imprimeurs, N 210. conformément aux
Reglements, notamment à l'Arrest de la Cour du
Parlement du 3. Decembre 1705. ce 10 Aoust 1711.
DE LAUNAY, Syndic.
De l'Imprimerie DE J. JOSSE.
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